Mon enfer, ma routine

Les semaines passent, les cernes se creusent, les matières se corsent, mes muscles fessiers se renforcent. Matin, réveil 7h, pseudo-petit-dej (café + café) et on est reparti pour une matinée de grattage, de lutte contre la somnolence, de conneries en amphi, de compétition d'avions et de crampes intestinales et musculaires. On vit, en fait.

Midi sur le parvis, rituel de séparation avec mes amis, chacun bossant chez soi. On se serre la poigne mais surtout, on se regarde droit dans les yeux humides comme la rosée matinale accompagné d'un sempiternel et pathétique "Bon courage les gars" qui nous voit alors partir accomplir notre chemin de croix quotidien. Je rentre, jette mon sac sur le bureau, mate le frigo, m'allonge sur mon lit et allume l'ordi. Oui, tout ça dans une même pièce. Je réchauffe un plat et mange en jouant du air-guitar sur Slash, la bolo au bout des pâtes éclaboussant toute ma (dé)classe. Petit plaisir de la journée parmi d'autres. Et là, bam. Regards furtifs et inquiets vers l'horloge, déni de la réalité, colère, marchandage puis 14h01, acceptation : Mr.Lacroix est arrivé et m'attend à mon bureau au plus vite. C'est une urgence vitale.

Comme chaque jour, je bosse les cours du matin en priorité puis essaie de faire ce qui est possible de faire en plus. La méthode des 2 jours est exigeante, je ne l'applique pas toujours, je le reconnais. Mais je ne connais pas le retard. Ou plutôt, le retard ne me connaît pas. J'ai beau être le premier des glands dans tous les domaines de la vie ; mais pour le taff, je suis là, je respecte mon planning. Dit comme ça, on dirait que la P1 est une petite entreprise virtuelle: je suis l'un des 2000 employés de bureau noyé dans sa routine et croulant sous les papiers et mon planning est en fait mon boss qui doit licencier 90% de son effectif d'ici juin 2012. Ambiance chaleureuse, bonjour.

L'horloge affiche 21h, nombre sacré. C'est la fin de ma journée, je peux enfin aller m'atteler à des occupations beaucoup plus intellectuelles et intéressantes comme actualiser ma page d'accueil Facebook en mangeant un sandwich, entre autres. Je me mate un film ou une série, pas un drame de préférence. J'appelle ma famille pour leur dire que je suis toujours pas tombé et que la guerre est encore longue et douloureuse. Minuit, au lit, sous mes draps et la fatigue m'arrachant à mon cauchemar quotidien, une seule idée me trotte dans la tête : "ça vaut le coup, putain, ça vaut le coup".