Ma prépa

J'avais pris une prépa avant d'aller à la conquête du plus grand sommet de la Terre : Péhun. 1600€ d'altitude, bim. Bon par contre, de la randonnée en été, c'était pas ma tasse de thé. Comme dans la majorité des prépas et au tutorat, c'étaient des étudiants des années supérieures qui nous faisaient la correction des planchages. Si la plupart du temps, on avait le droit à des incapables, certaines fois, on nous collait des moins que rien.

Je me souviens de la correction d'un sujet de pharmacologie au second quad dont la nana justifiait la véracité comme suit : "- Et pourquoi la question 6 est fausse ? - Parce que c'est Marc* qui a écrit la correction et il a mis FAUX. - Ah bah si Marc l'a dit...". Paraît que c'était la major de pharmacie. Dur, dur. Heureusement y'avait des classements toussa qui rentabilisaient vachement l'exil de mon frère en maison de redressement pour pouvoir me payer la prépa.

Donc non, on ne va pas cracher dans la soupe non plus. Ce qui est fou avec la prépa, c'est que ça peut vous mettre une pression supplémentaire. En effet, ma mère recevait toutes mes statistiques semaine après semaine genre : classement du groupe, classement général, note maximale, historique internet des dernières 24h, note médiane, taille au repos, courbe de progression, périmètre crânien, etc... Bref, fliqué comme au lycée. Glauque. D'une certaine façon, ça nous oblige à être régulier mais d'un autre côté, il faut avoir les nerfs solides pour trouver le juste milieu entre pression de réussir et interdiction de l'échec. 

Pas mal de fois, t'avais des questions où tu t'arrêtais d'écrire, levais la tête vers le "prof" et te disais qu'ils n'avaient pas seulement vu la Vierge, mais aussi la table et les douze apôtres en faisant leur sujet. Florilège : "Citez les 5 collectivités françaises d'Outre-mer", "Que signifient les sigles DGOS, DGS, DSS, DASES ?" "L'article 3.55 du Code la Sécurité Sociale prévoit..." "Quel est le plafond de ressources de la CMU-C ?" "L'étiquette orange apposée sur un médicament prévoit un remboursement par la Sécurité Sociale à hauteur de...". Il est vrai que je suis de mauvaise langue parce que lorsque je serai praticien et citerai les 5 départements français d'Outre-mer ainsi que la taxonomie phylogénétique de l'hominidé à mon patient, je pense que ça le rassurera quant à mes compétences médicales. Assurément. On rigole, on rigole mais certains profs étaient vraiment capables de vous pondre ce genre de question le jourji. Et là on rigole moins, on pleure comme devant le film Babar, roi des éléphants lorsque sa maman se fait descendre par le chasseur en slow-motion. Monde cruel.

*Prénom fortuitement choisi